Edito

Depuis quelque temps déjà, je me pose la question sur ces formes d’urbanisations qui envahissent peu à peu l’espace naturel. Un enjeu crucial, certes économique, de la diversification du tourisme de montagne. Cela représente aujourd’hui un pourcentage non négligeable du chiffre d’affaires de nos sommets caractérisés par la pluriactivité et saisonnalité des activités proposées. Le dérèglement climatique que l’on constate saison après saison rend vital, et j’en ai bien conscience, la transition vers un nouveau modèle d’accueil pour les pratiquants (utilisateurs) des étendues naturelles. Cette urbanisation comprend également l’imperméabilisation des sols et le mitage, c’est-à-dire l’implantation de constructions dispersées dans un paysage naturel. Elle détruit, fragmente et déstructure les écosystèmes. La conservation des habitats naturels constitue un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité afin d’éviter qu’ils continuent à être dégradés, détruits et fragmentés par les pressions liées aux activités humaines. Nous pouvons citer quelques exemples concrets, en premier lieu les stations de ski, qui sont également implantées dans les territoires karstiques depuis certes plusieurs décennies. Elles poursuivent leur urbanisation à travers de “nouvelles” activités proposées comme les circuits VTT ; l’engouement pour le Biathlon avec ses structures, de tir et circuit d’entraînement goudronné ; les pistes de ski de fond devenues de véritables autoroutes à travers la forêt, les via ferrata implanté à travers les falaises, les Parcs aventures ; mais aussi pour en revenir à notre milieu souterrain les tyroliennes implantées peu à peu à travers nos salles concrétionnées, etc. ! Simple constat qui me désole sans pour cela avoir une position extrémiste. Nos vies dans nos sociétés sont fermées, protégées des sensations qui en dissoudraient le confort, oubliant le ravissement de l’incertitude, de l’aventure et de l’exploration.

En cette période de mouvement, d’agitations, il semble que l’histoire reste une ­tragédie et la politique une comédie… Dans quelle direction choisirons-nous d’aller ? La grotte vierge est sans malice mais le monde de la lumière a des embûches que les ténèbres ignorent1. Et l’esprit y gagne en clarté…

Serge Caillault

1 : Michel Bouillon


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