Édito du Spéléo magazine n°104
Je m’interroge sur le principe de la “prise de risque” dans les sports de plein air dits “à risque”, dont fait partie notre activité, dans notre société où tout doit être sous contrôle, même dans les situations de la vie courante. J’en donne deux exemples : le premier, dans mon univers professionnel ; j’arrive un matin et que ne fut pas ma stupéfaction de voir tous les dix mètres des panneaux m’indiquant que la pratique des escaliers était dangereuse et qu’il fallait accroître notre vigilance avec un dessin signifiant la chute. La pratique des escaliers ne devenant plus une progression naturelle au même titre que la marche à pieds ! Le déséquilibre s’installe source d’accidents ! Pour le second exemple, j’étais en expédition spéléologique au Laos. Notre camp de base était situé dans un village de montagne du massif de Khammouane. Au détour d’une balade digestive dans les ruelles de terre, j’aperçois un gamin de trois ans qui déambule sereinement avec dans sa main une machette. Pour lui rien de plus naturel que de l’utiliser pour cueillir quelques friandises arboricoles.
L’intérêt de cette réflexion pourrait être décliné à l’infini où pour des raisons psychologiques ou de dynamisme de groupe, nous nous mettons en danger. Agir en apprenant tout en étant responsable vaut mieux que pâtir…
Dans plus que toute autre activité, la sécurité est depuis toujours une de nos préoccupations principales. Le matériel que nous utilisons est très rarement impliqué dans la cause d’un accident ou seulement par méconnaissance de son usage. Les causes fréquentes d’incidents (d’accidents) sont généralement dues à “la défaillance humaine”. Celle-ci n’est pas toujours l’expression d’une maladresse. C’est bien souvent la conséquence d’une mauvaise interprétation de l’environnement enchaînant une suite de petites erreurs que nous sous-estimons et qui poussent sans en avoir conscience vers l’aggravation de la situation…
Ceci dit, cela ne nous empêchera pas de poursuivre nos explorations dans une sorte de huis clos souterrain responsable de nos actes loin de l’aseptisation maladive de notre société occidentale.
Bonne année 2019
Serge Caillault
Sommaire du Spéléo magazine n°104
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