Édito
Les techniques pour équiper une cavité évoluent au fil du temps mais aussi avec les tendances du jour. L’écologie prend de plus en plus de place dans notre façon de penser, d’agir et donc d’aborder la cavité. Même si dans les années 80/90, la joie d’installer la corde était de chercher un maximum d’amarrages naturels. Un gouffre équipé sans un seul spit (ou très peu) était alors un must ; sans bien évidemment déroger aux règles élémentaires de sécurité. Puis vient le temps où tous les spits ou autres amarrages doivent être doublés ! Grandement facilité par l’utilisation quasi exclusive du perforateur sans fil. Loin de moi de critiquer cette mise en œuvre mais avouez que c’est paradoxal par rapport à la recherche continuelle de la légèreté de son matériel à la fois individuel et collectif.
Aujourd’hui, dans les obstacles au gouffre Berger ou du Mirolda sont mis en œuvre, peu à peu des Amarrages Forés (AF) ou Abalakoff que certains nomment lunules ou encore amarrages Dyneema. C’est durable, aussi irréprochable qu’un amarrage naturel (AN). C’est léger. Il n’y a plus de problème de spits usés ou devenus inutilisables.
La mise en œuvre de cet ancrage consiste à percer dans la roche un orifice de petit diamètre (de 8 à 14 mm, de préférence rectiligne) afin d’y glisser un anneau textile.
Comme tous les autres types d’ancrages, sa qualité provient des caractéristiques de son support et de sa pose, mais il présente bien des avantages : sa longévité, grâce à l’inexistence de contrainte mécanique de son support à vide ou d’une liaison chimique entre l’appui et l’amarrage. Son impact écologique est réduit car il sollicite peu de matière première manufacturée ; sa réversibilité, grâce à un maquillage facile en cas d’inutilité.
Certes il présente aussi des inconvénients : sa discrétion peut le rendre invisible. L’anneau d’amarrage qui passe à l’intérieur peut être « abandonné ». Et si cet anneau montre des signes d’usure, il sera facile de le changer. Sa mise en œuvre nécessite l’utilisation d’un perforateur et la récupération de l’importante poudre de foration.
Cet ancrage est une proposition supplémentaire dans la panoplie à disposition des spéléologues. Il n’y a pas, bien évidemment, de systématique dans les techniques d’équipement d’une cavité. Toutefois, le domaine d’application de cet ancrage est large et son utilisation devrait donc satisfaire le plus grand nombre, surtout si nous y rajoutons quelques Pulses. L’ensemble contribue à une forme d’écologie souterraine…
Serge Caillault
Sommaire Spéléo magazine n°119
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