Edito

Combien de fois, autour d’une table, après une belle sortie souterraine, la discussion a bifurqué sur la non-gratitude d’un tel ou de soi-même d’ailleurs, car non indiqué sur la topographie, la photo publiée ou tout autre compte rendu qui relate une exploration ? Sujet sensible qui parfois tourne au pugilat, voir à la rupture de relation avec l’autre…

Qui d’entre-nous ne ressent pas de la joie à la suite d’un compliment ou de l’approbation d’autrui ? Le besoin de reconnaissance est un sentiment naturel que tout être humain ressent. Il est si puissant qu’il est très facile d’en devenir dépendant, sans souvent s’en rendre compte. Le besoin de reconnaissance peut devenir alors un sentiment destructeur. Mais comment se fait-il qu’un si beau sentiment puisse devenir dangereux ?

La reconnaissance est l’appréciation de l’autre de ce que l’on est ou de ce que l’on a fait. La personne qui manifeste cette appréciation n’est tenue par aucune obligation. Il est ainsi légitime de dire que la reconnaissance est un présent ; pourtant, elle peut devenir un facteur de motivation ou de démotivation. Son absence peut avoir des répercussions plus ou moins graves sur le psychisme de la personne qui en a besoin. Le manque de reconnaissance peut aller jusqu’à détruire notre confiance en soi, nous faisant croire que nous n’avons aucune ou peu de valeur, que tout ce que nous faisons n’en vaut pas la peine.

Le besoin de reconnaissance met à l’épreuve la confiance que nous avons en nous. Il est très déstabilisant, et peut même prendre le pas sur notre estime de soi, si on ne réussit pas à le maîtriser.

Quand on réussit à reconnaître soi-même ses valeurs, il nous est plus facile d’avoir confiance en nous, en nos capacités, en nos qualités et en notre expertise. La ­reconnaissance d’autrui devient ainsi un besoin secondaire. Il nous est alors bien plus facile de nous consacrer à ce que nous aimons profondément : l’exploration pure et sa cohorte de satisfactions qui nous rend serein dans notre existence…

Serge Caillault

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