Une étude d’impact adaptée à la spéléologie !
Texte : Fabien Hobléa
Photos : Serge Caillault
L’interdiction pure et simple de pratiquer la spéléologie
dans le Trou de l’Aygue est motivé par le souci de protection
de la ressource en eau potable captée dans cette cavité ! ? !
Les gestionnaires du captage ont en effet obligation réglementaire de faire établir des périmètres de protections délimités sur cartes, assortis d’un texte régissant les activités humaines à l’intérieur de ces périmètres. Les gestionnaires s’appuient d’une part sur le rapport de l’hygrogéologue agréé, très ambigu quant à l’impact de la fréquentation spéléologique, et d’autre part sur le principe de précaution, pour faire interdire l’accès du Trou de l’Aygue aux spéléologues.
Une utilisation abusive
Il s’agit ici d’une utilisation abusive du principe de précaution, qui ne se justifie dans son acceptation première que lorsqu’il n’existe pas de moyen rapidement mobilisable pour évaluer l’impact d’activités anthropiques sur le milieu menacé et/ou que l’avis de la communauté scientifique reste partagé (cas par exemples du rôle des gaz à effet de serre sur l’évolution des climats).
Mais pour le Trou de l’Aygue comme pour la plupart des autres cavités concernées par le problème, la solution technique existe, sous la forme d’un protocole d’étude d’impact spécifiquement mis au point pour l’évaluation de l’impact de la fréquentation spéléologique sur la potabilité des eaux souterraines karstiques. Ce protocole a été mis au point par des chercheurs en karstologie et en hydrogéologie du laboratoire EDYTEM de l’Université de Savoie, et a été appliqué à titre expérimental sur le plateau de la Féclaz dans les actifs du réseau Garde-Cavale au-dessus de la ville de Chambéry, réseau concerné par un forage pour l’eau potable et qui fut lui aussi menacé de fermeture il y a quelques années.
L’opération a eu lieu lors du rassemblement national de la Fédération Française de Spéléologie à Aillon-le-Jeune en 2001 (cf. Spéléo n° 37) avec la contribution d’une quarantaine de spéléologues.
Dans la foulée, les commissions scientifiques et environnement de la FFS, animées respectivement par Stéphane Jaillet et Christophe Tcherter, ont proposé d’appliquer ce protocole au Trou de l’Aygue afin de savoir si la fermeture de la cavité se justifiait. Pour la crédibilité de l’opération, il fallait bien évidemment que toutes les parties en présence l’acceptent et participent à son financement.
Analyser les eaux
Celle-ci consiste à analyser les eaux ayant été au contact des spéléologues séjournant dans la cavité et prélevées au captage pendant une période préalablement définie à l’aide d’un traçage qui permet de connaître la vitesse et la durée de passage d’un éventuel polluant. Les analyses portent sur les paramètres réglementaires de la potabilité (analyses types B2-T : bactériologie et turbidité) et sont confrontées aux modalités de la fréquentation spéléologique.
On peut ainsi savoir au cas par cas l’incidence de cette fréquentation sur la qualité des eaux souterraines, et adapter si besoin les règles de comportements et les limites des zones de protection absolue en fonction des résultats. Cette méthode constitue donc un outil permettant de s’affranchir du principe de précaution qui condamne à l’aveugle et engendre des situations de conflit souvent préjudiciables à toutes les parties, alors même qu’une bonne entente entre spéléologues et gestionnaires des eaux souterraines, fondée sur la compréhension et le respect mutuel, pourrait et devrait constituer la clef de voûte du dispositif de protection et de surveillance des eaux karstiques.
C’est dans ce sens qu’œuvrait Olivier Kergomard à propos des conflits en cours dans le massif du Vercors, et c’était bien ainsi qu’il avait présenté le problème lors de qu’il avait organisée sur le sujet lors du dernier congrès régional à Méaudre. Sur ce plan, là aussi il nous manquera énormément…
Photos : Serge Caillault
L’interdiction pure et simple de pratiquer la spéléologie |
Les gestionnaires du captage ont en effet obligation réglementaire de faire établir des périmètres de protections délimités sur cartes, assortis d’un texte régissant les activités humaines à l’intérieur de ces périmètres. Les gestionnaires s’appuient d’une part sur le rapport de l’hygrogéologue agréé, très ambigu quant à l’impact de la fréquentation spéléologique, et d’autre part sur le principe de précaution, pour faire interdire l’accès du Trou de l’Aygue aux spéléologues.Une utilisation abusive
Il s’agit ici d’une utilisation abusive du principe de précaution, qui ne se justifie dans son acceptation première que lorsqu’il n’existe pas de moyen rapidement mobilisable pour évaluer l’impact d’activités anthropiques sur le milieu menacé et/ou que l’avis de la communauté scientifique reste partagé (cas par exemples du rôle des gaz à effet de serre sur l’évolution des climats). Mais pour le Trou de l’Aygue comme pour la plupart des autres cavités concernées par le problème, la solution technique existe, sous la forme d’un protocole d’étude d’impact spécifiquement mis au point pour l’évaluation de l’impact de la fréquentation spéléologique sur la potabilité des eaux souterraines karstiques. Ce protocole a été mis au point par des chercheurs en karstologie et en hydrogéologie du laboratoire EDYTEM de l’Université de Savoie, et a été appliqué à titre expérimental sur le plateau de la Féclaz dans les actifs du réseau Garde-Cavale au-dessus de la ville de Chambéry, réseau concerné par un forage pour l’eau potable et qui fut lui aussi menacé de fermeture il y a quelques années. L’opération a eu lieu lors du rassemblement national de la Fédération Française de Spéléologie à Aillon-le-Jeune en 2001 (cf. Spéléo n° 37) avec la contribution d’une quarantaine de spéléologues. Dans la foulée, les commissions scientifiques et environnement de la FFS, animées respectivement par Stéphane Jaillet et Christophe Tcherter, ont proposé d’appliquer ce protocole au Trou de l’Aygue afin de savoir si la fermeture de la cavité se justifiait. Pour la crédibilité de l’opération, il fallait bien évidemment que toutes les parties en présence l’acceptent et participent à son financement. Analyser les eaux Celle-ci consiste à analyser les eaux ayant été au contact des spéléologues séjournant dans la cavité et prélevées au captage pendant une période préalablement définie à l’aide d’un traçage qui permet de connaître la vitesse et la durée de passage d’un éventuel polluant. Les analyses portent sur les paramètres réglementaires de la potabilité (analyses types B2-T : bactériologie et turbidité) et sont confrontées aux modalités de la fréquentation spéléologique. On peut ainsi savoir au cas par cas l’incidence de cette fréquentation sur la qualité des eaux souterraines, et adapter si besoin les règles de comportements et les limites des zones de protection absolue en fonction des résultats. Cette méthode constitue donc un outil permettant de s’affranchir du principe de précaution qui condamne à l’aveugle et engendre des situations de conflit souvent préjudiciables à toutes les parties, alors même qu’une bonne entente entre spéléologues et gestionnaires des eaux souterraines, fondée sur la compréhension et le respect mutuel, pourrait et devrait constituer la clef de voûte du dispositif de protection et de surveillance des eaux karstiques. C’est dans ce sens qu’œuvrait Olivier Kergomard à propos des conflits en cours dans le massif du Vercors, et c’était bien ainsi qu’il avait présenté le problème lors de qu’il avait organisée sur le sujet lors du dernier congrès régional à Méaudre. Sur ce plan, là aussi il nous manquera énormément… |